Baba Anand

21.03.2007 – 21.04.2007

Extrait du texte de Jérôme Neutres, L’Art Couture de Baba Anand, 75 Faubourg, Paris 2007

« Coffrets de velours et de dorures – le cadre est aussi important que l’œuvre -, les œuvres de Baba Anand sont des boîtes de Pandore en coupe, où coexistent de vrais dieux parés de faux bijoux, et des demi-dieux, acteurs de son enfance, dont les visages baignent dans des paillettes de cristal Swarovski, entre des cœurs en mousse et des fleurs artificielles. Raj Kapoor, Sharmila Tagore, Amitabh Bhachan, Krsna sous toutes les coutures, mais aussi La Joconde et Krishna, le Moulin de la Galette dans la forêt indienne, autres combinaisons à la source d’étonnantes alchimies. Collages ? « Collisions » préfère Baba, dont l’art est la recherche permanente de l’accident créateur, du « beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’un parapluie et d’une machine à coudre » de Lautréamont.

N’est-ce pas d’ailleurs par accident qu’il est devenu artiste ? Baba vient de la mode. C’est en habillant les gens du monde qu’il comprend cependant qu’il s’est trompé de monde, qu’il lui faut habiller un autre monde, qui s’accorde davantage avec ses désirs: celui de ses rêves d’enfant, des grands films sucrés qui ont accompagné sa jeunesse, Bobby, Prince, Manoranjan, An evening in Paris. Ces objets de son désir, ils ne l’ont jamais quitté, ils sont là, près de lui, dans sa chambre, sous forme de posters et d’images d’almanach. Il peut les travailler au corps et à la main, sans le médium pesant que lui impose l’industrie de la mode. « J’aime l’expression d’art-couture pour parler de mon travail. En fait, je poursuis ma vocation de designer de mode, simplement je ne fais plus que du sur-mesure, et j’habille seulement des dieux et des stars de films, pas des businessmen et des diplomates ». Habiller ces images adulées, pour leur rendre hommage, comme on loue les dieux en les parant de fleurs et de perles. Transformer l’objet pour se l’approprier, comme le croyant hindou cherche à attirer quelque chose du divin en lui. L’œuvre – initiale – échappe à son auteur et à son propos pour devenir le support de l’expression d’une subjectivité nommée Baba Anand. […] »

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